Chapitre 1 : L'homme mort
Histoire sous copyright (c) Lili
Chapitre
1 : L’homme mort.
Les
embruns marins lui fouettaient le visage. Quelques gouttes d’eau salée
tombèrent sur sa peau puis disparurent sous l’apprêté de la brise. D’un geste
souple de la main elle replaça une mèche de cheveux bruns voletant devant ses
yeux. Ils ne tenaient pas en place dans sa queue de cheval, il y avait trop de
vent, trop d’air… ! Malgré tout elle avait chaud, elle sentait sa peau
moite sous ses vêtements peu adapté au changement de climat. Quand elle était
partie de Londres il neigeait, arrivée en Australie il faisait un soleil
magnifique et maintenant qu’elle se rapprochait de l’île elle avait
l’impression qu’il faisait de plus en plus chaud et de plus en plus humide.
Elle avait des difficultés à croire qu’ils étaient au beau milieu du mois de
janvier, cela ressemblait plus à un beau mois d’août. Mais l’Angleterre était
loin, à plusieurs dizaines d’heures d’avions, l’Australie aussi s’éloignait
voilà bien deux heures qu’elle se trouvait sur le Calypso. Ce ferry était le
seul moyen de se rendre sur l’île, île se trouvant à plusieurs centaines de
miles du continent et ne possédant même pas de piste d’atterrissage pour les
vols locaux. Il y en avait bien quelques unes mais elles étaient privées et
réservées aux riches propriétaires… La chose ne l’avait pas tellement étonnée,
il fallait avoir les moyens pour vivre dans un coin pareil !
Remontant
les manches de son pull avec un soupir, Lorelei ferma les yeux essayant de
capter un courant d’air plus frais ou un peu d’eau, mais le résultat ce fit
attendre. Elle aurait pourtant dû prévoir des vêtements plus légers pour le
voyage, mais non, elle pensait que jamais elle n’arriverait à se réchauffer en
partant de Londres ! Pas étonnant que les gens la regardaient bizarrement avec
son pull, son jean long, sa fine écharpe et ses bottines… Elle avait plus l’air
partit pour le canada que les îles !
Il
fallait avouer qu’elle n’avait pas prévu ce voyage, tout c’était fait un peu
dans la précipitation. Bien décidé à ne pas partir, elle avait finalement
quitté Londres du jour au lendemain, prenant simplement une petite valise et
son billet avec elle. Elle ne regrettait pourtant pas sa décision, il fallait
qu’elle parte, il fallait qu’elle le fasse. Lorelei était certaine que dans le
cas contraire cela l’aurait hanté toute sa vie et qu’un jour ou l’autre elle
aurait regretté amèrement son choix…
Et
les regrets ce n’était pas pour elle.
Elle
en avait vu dans les yeux de sa mère durant toute sa vie, et aujourd’hui
qu’elle était décédé encore plus. Myriam était partie avec tous ses secrets,
ses remords, elle n’avait pas eût une fin paisible à cause de cela et Lorelei
refusait d’être comme elle. Du moins sur cette partie de sa vie…
- Tout
va bien mademoiselle ? !
Le
commandant du ferry tira la jeune femme de ses pensées. Elle le salua d’un
hochement de tête avant de remettre une nouvelle fois des mèches de cheveux
derrière ses oreilles.
- Oui
merci.
- Première
fois sur l’île ?
- Non…
Non pas vraiment.
- Votre
visage m’est familier… C’est étrange.
- Vous
devez me confondre avec quelqu’un d’autre, il y a très très longtemps que je ne
suis pas venue.
- Je
me trompe probablement vous avez raison. Dans tous les cas bon voyage sur
Pukalani mademoiselle.
- Merci.
L’homme
la salua en soulevant sa casquette et s’éloigna dans son costume blanc et doré
impeccable. Lorelei le suivit du regard un instant avant de s’appuyer sur le
bastingage et de poser les yeux sur l’horizon indéfiniment plat et monotone. La
vue avait pourtant de quoi être paradisiaque ! Ils traversaient la grande
barrière de corail, l’eau était d’un dégradé de bleus somptueux, tout comme le
ciel pauvre en nuage… Mais son cœur n’y était pas. Quelque chose manquait pour
qu’elle soit vraiment enthousiaste, heureuse, d’être là.
Pukalani.
C’est le nom qui figurait sur son acte de naissance, l’endroit où elle avait vu
le jour. Elle n’en avait pourtant aucun souvenir, elle avait quitté l’île à
l’âge de dix huit mois, trop jeune pour que ça ait marqué sa mémoire. Myriam
l’avait emmené avec elle sans rien emporter, ni photo, ni souvenir… Rien ne la
rattachait donc à cet endroit sauf un nom sur un bout de papier officiel.
Le
plus étrange dans tout cela était que toute sa famille vivait sur cette île, et
qu’elle ne connaissait pas un seul d’entre eux. Sa mère lui avait expliqué
qu’après le divorce, elle avait coupé les ponts avec tout le monde et que
personne ne voulait plus lui parler de toute façon. Un temps Lorelei s’était
posé beaucoup de question, puis tout cela lui était passé en grandissant. Elle
s’était fait une raison.
Jusqu’à
maintenant du moins, puisqu’elle était là, et qu’elle s’apprêtait à faire la
connaissance de sa famille. Celle de sa mère… Celle de son père. Les deux
parties d’elle-même enfin réunies. Bien sûr ça c’était dans le meilleur des
cas, elle n’avait aucune idée de l’accueil qui lui serait réservée. Surtout en
de pareilles circonstances.
Se
redressant Lorelei fixa finalement un point noir sur l’horizon. L’île était
enfin à portée de vue, ils n’allaient plus tarder à arriver. Son estomac se
compressa dans son ventre, une boule l’étranglant jusque dans sa gorge. Elle ne
s’était pas sentit aussi nerveuse depuis les tests d’admissions aux beaux
arts ! Se préparant mentalement à arriver après ce long voyage, elle s’occupa
de réunir ses affaires afin qu’elle ne perde pas de temps en débarquant. Elle
n’avait pas vraiment le pied marin alors plus vite elle quitterait ce bateau,
mieux ce serait !
Ses
affaires prêtes elle reporta son attention sur Pukalani qui se dessinait de
plus en plus clairement.
L’étendue
azuré laissa place à un bout de terre sombre dont le voile mystérieux sembla
engloutir la moindre fibre de son être. La drôle de boule dans son ventre se
dissipa en même temps que tous ses doutes. Un courant électrique lui parcourut
l’échine et elle eût l’étrange sensation… D’être chez elle.
L’endroit
n’avait rien à voir avec l’image qu’elle s’en était faite. Ce n’était pas un
bout de terre complètement conquit par l’immobilier, on distinguait clairement
une abondante végétation au cœur même de l’île. Quelques passagers restés à
l’intérieur du ferry sortirent pour admirer la vue. Elle ne fut rapidement plus
la seule à la proue ce qu’elle regretta, c’est un moment qu’elle préférait
vivre seule.
Le
bateau entra dans le port en pleine effervescence. Les embarcations de luxe ou
plus modeste entraient et sortaient des quais afin de promener des touristes ou
d’emmener des pêcheurs sur leur lieu d’hameçonnage favoris. Le ferry semblait
être un géant des mers à côtés de tous ceux qu’ils croisèrent et bien qu’on ne
pouvait que difficilement rater son arrivée le commandant signala son approche
par des coups de sifflets retentissant. Accostant au quai en quelques minutes
seulement Lorelei vit la foule de passagers se diriger vers les passerelles afin
de gagner la terre ferme. Tirant sa valise à roulette derrière elle, la jeune
femme attendit que tous les pressés aient débarqué avant de descendre à son
tour. Elle se rendit compte qu’elle était la dernière à quitter le navire quand
un homme du ferry tira une chainette derrière elle, fermant ainsi l’accès
définitif au bateau.
Marchant
sur le quai d’un pas un peu hésitant, Lorelei regarda autour d’elle cherchant
un repère dans ce lieu qui ne lui était pas du tout familier. Par où était la
sortie, par quel moyen allait-elle rejoindre le centre ville, comment
allait-elle trouver la maison de son père… ? Trop de questions sans
réponse qui lui provoquèrent un petit moment de panique.
- Attention
devant !
Lorelei
eût à peine le temps de s’écarter qu’un chariot électrique portant plusieurs
grosses caisses de poissons la frôla, manquant de la renverser et d’écourter
ainsi son séjour de façon dramatique. Se décidant à bouger elle décida de
s’avancer vers les terres, la sortie était forcément quelque part par là. Suivant
quelques personnes qui semblaient être des touristes elle se retrouva
finalement dans le débarcadère réservé aux pêcheurs. A cette heure encore jeune
de la matinée, ils étaient en train de décharger la pêche de trier et
d’emballer le poisson pour le marché.
Non
décidemment elle n’allait pas s’en sortir, elle était la pire des touristes que
cette île avait jamais vu. Il ne lui restait plus qu’une chose à faire, appeler
à l’aide ! Son portable ne passant pas à l’autre bout du monde il lui
fallait en trouver un.
S’arrêtant
une seconde elle repéra quelques pêcheurs qui étaient en train de vider le
poisson avant de le conditionner pour la vente. De tous les hommes elle
s’avança vers le plus jeune, le moins impressionnant peut être ou le plus
accessible à son sens. Pourtant grand et costaud il portait un épais tablier
pour protéger ses vêtements ainsi que des gants. D’une manière habile il
coupait la tête des poissons, les ouvrait et les vidait avant de les passer
sous un jet d’eau et de les mettre dans une caisse avec de la glace.
- Bonjour !
L’homme
tourna la tête dévoilant de grands yeux verts clairs rieurs qu’il posa sur
elle.
- Salut !
- Je
suis désolé de vous déranger, je cherche un téléphone. Vous savez ou je peux
trouver une cabine ?
Il
planta son couteau dans sa planche à découper et retira un gant avant de
plonger sa main dans sa poche. Il en sortit un portable qu’il lui tendit.
- Tenez !
- Merci…
C’est gentil à vous.
Lorelei
plongea la main dans sa poche et en sortit un petit papier sur lequel elle
avait griffonné des coordonnées. Composant le numéro elle posa le portable sur
son oreille et attendit quelques secondes. Les sonneries retentirent,
plusieurs, avant qu’elle ne tombe finalement sur la messagerie. Ne manquait
plus que ça, elle se sentait décidemment bien seule. Tant pis, elle laisserait
un message pour prévenir au moins de son arrivé.
- Bonjour…
C’est Lorelei… Lorelei Briant. Crût-elle bon de préciser. Ca va sûrement vous
surprendre mais… Je suis sur l’île et, enfin bon, je suis un peu perdue je ne
sais pas très bien où aller… Je vais essayer de me débrouiller pour rejoindre
la maison de mon père mais je ne sais pas si j’y trouverais quelqu’un alors, au
pire si vous avez ce message, je serais là-bas ou sur la route. A bientôt.
Elle
raccrocha faisant une moue à l’appareil comme s’il était l’unique responsable
de son malheur. Se tournant vers le pêcheur elle lui tendit l’appareil qu’il
rangea dans sa poche, reprenant son couteau pour continuer sa tâche plutôt
ingrate.
- Touriste ? !
S’enquit-il.
- Pas
vraiment.
- Voyage
d’affaire ?
Elle
eût un petit sourire amusé.
- Non
plus.
- D’accord,
là vous avez piqué ma curiosité ! Je vous propose un deal, vous me dites
ce que vous venez faire sur l’île, et je vous indique le chemin pour aller où
vous voulez, vous avez l’air perdue et je connais l’île sur le bout des
doigts ! Affirma-t-il avec un grand sourire.
Lorelei
se sentit piquée au vif, vexée malgré que cet homme essayait simplement de
l’aider. Prenant une petite inspiration elle lui avoua de but en blanc la
raison de sa visite.
- Je
viens enterrer mon père. Et je me débrouillerais… Merci.
Attrapant
sa valise elle tourna les talons et revint sur ses pas bien déterminée à
trouver la sortie, et à la trouver seule.
Note de l'auteuse : La mise en page est affreuse, mais apparemment le passage de word au blog est difficile ! Mais c'est pas grave, je vais essayer d'arranger ça un peu plus tard <3